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Théâtres de chevalerie : tournois et politique à la cour de France au XVIe siècle 

Marina Viallon

Marina Viallon, « Théâtres de chevalerie : tournois et politique à la cour de France au XVIe siècle », Études Épistémè, 39, 2021

Extrait de l’article

Apparus aux alentours de 1100 en tant qu’entraînement pour les chevaliers et leurs montures, les tournois, d’abord féroces compétitions que peu de choses différenciaient de la guerre véritable, se policèrent dès la fin du XIIe siècle pour devenir de grandes fêtes publiques accompagnant la plupart des grandes célébrations rythmant la vie publique de la noblesse et de la royauté. Au cours des derniers siècles du Moyen Âge, le tournoi prit donc très vite une place importante pour la classe chevaleresque, notamment par la démonstration et la mise en scène d’éléments servant à la justification de la prédominance de cet ordre dans la société. Célébration de la culture de l’élite et donc des dirigeants, le tournoi en tant qu’instrument social devint également un instrument politique, autant à l’échelle locale qu’internationale. En effet, la culture chevaleresque, loin d’avoir connu un quelconque déclin à la fin du Moyen Âge, était toujours très vivace dans l’Europe du XVIe siècle, et notamment en France. Transmise par les aînés aux jeunes garçons depuis leur plus tendre enfance, ravivée par les traductions modernes des anciens romans de chevalerie et de nouveaux « best-sellers » composés à l’époque, comme le Roland Furieux de l’Arioste (1516) ou encore les nombreux volumes de l’Amadis de Gaule (1508) de Garcí Rodríguez de Montalvo et suiveurs, elle continuait à influencer de nombreux aspects de la vie de la noblesse, et en particulier ses fêtes et ses divertissements où elle se mêlait sans problème aux nouveaux thèmes humanistes. Incarnation publique de cette culture, les tournois de cour, ainsi que les textes et décors produits à leur occasion, servaient et accompagnaient la politique des princes de la Renaissance. Dans la France du XVIe siècle, ils témoignent ainsi de la lente transition entre le modèle monarchique hérité de la fin du Moyen Âge et les débuts de l’absolutisme des Bourbons.

En France, où le roi était considéré traditionnellement comme « le premier des chevaliers », cette culture structurait fortement la relation entre le souverain et sa noblesse. Au XVe siècle, l’utilisation habile par les ducs de Bourgogne de la culture chevaleresque, pour renforcer leur prestige politique et rassembler autour d’eux la noblesse de territoires très hétérogènes, se manifesta notamment par l’organisation de tournois somptueux à la mise en scène élaborée.

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