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La reine Marguerite d’Anjou-Duras et la construction d’une mémoire familiale 

Luciana Mocciola

Luciana Mocciola, « La reine Marguerite d’Anjou-Duras et la construction d’une mémoire familiale », Mélanges de l’École française de Rome - Moyen Âge, 129-2, 2017

Extrait de l’article

Marguerite et ses trois sœurs étaient les seules héritières directes de leur tante Jeanne Ire d’Anjou. Mais des quatre filles de Marie, sœur de la reine, Marguerite était sans doute celle destinée à monter sur le trône, ayant épousé son cousin Charles, descendant mâle le plus proche en ligne de succession. Les jeunes époux seraient donc devenus selon toute vraisemblance les souverains légitimes du Royaume de Sicile, si aux événements ne s’étaient pas mêlées les visées hongroises sur le Sud de l’Italie et les retombées politiques du Schisme d’Occident : le roi de Hongrie Louis Ier d’Anjou, dit le Grand, et le pape de Rome Urbain VI scellèrent une alliance pour chasser du trône napolitain la reine Jeanne Ire, en désignant Charles d’Anjou-Duras pour cette entreprise.

Pendant que Charles descendait de Buda, sa femme Marguerite recrutait leurs partisans et préparait le terrain depuis ses terres près de Bénévant. Grâce à cette activité conjointe, en août 1381 Charles conquit Naples en détrônant la reine Jeanne, qui entretemps avait adopté le français Louis, duc d’Anjou, pour l’opposer à son nouvel ennemi.

Charles III et Marguerite étaient les nouveaux souverains de Sicile, et les premiers de la branche cadette des Anjou-Duras, du nom de la ville d’Albanie dont ils étaient titulaires. Mais leur règne fut court, et bouleversé par la guerre contre le duc Louis d’Anjou, arrivé trop tard pour sauver la reine, mais avec la ferme intention de réclamer son héritage. Pendant ses longues campagnes loin de la capitale, Charles prit l’habitude de confier le pouvoir à Marguerite qui se distingua par son action énergique et avisée.

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