Saint-Denis. L’espace et la mémoire du XIIe au début du XVIe siècle
Damien Berné
Damien Berné, « Saint-Denis. L’espace et la mémoire du XIIe au début du XVIe siècle », Bulletin du centre d’études médiévales Auxerre, 20.2, 2016
Extrait de l’article
La connaissance de l’abbatiale de Saint-Denis, objet surinvesti par l’historiographie médiévale, a connu des avancées remarquables ces trente dernières années grâce à la convergence de travaux portant sur deux domaines complémentaires : l’architecture des parties de l’église élevées dans le style gothique rayonnant entre 1231 et 1281 et la liturgie dont elle est le cadre. Les efforts concomitants d’historiens de l’architecture et de liturgistes ont montré de façon exemplaire l’intérêt de combiner toutes les informations disponibles. Même si certains problèmes liés à la chronologie du chantier et à l’identité des maîtres d’œuvre qui l’ont dirigé demeurent irrésolus, ces études ont livré une représentation circonstanciée et évolutive de la reconstruction de l’abbatiale, ainsi qu’une analyse approfondie des nouveaux espaces dans lesquels le cérémonial dionysien s’est redéployé. Une voie nouvelle s’est alors dessinée, propre à faire sentir la relation qui existe entre expansion spatiale et inflation cultuelle en un lieu aussi emblématique que l’abbaye royale. Cependant, ces recherches n’ont pas dépassé 1281, si bien que les annexes adjointes à l’édifice postérieurement à cette date n’ont suscité aucune interrogation. La raison d’être de ces agrandissements n’a jamais été envisagée de manière satisfaisante ; pourtant, si l’emprise de la chapelle Saint-Louis édifiée autour de 1300 au sud du chevet reste limitée, la suite de six chapelles que l’abbé Gilles de Pontoise (1304-1326) fait élever entre 1320 et 1324 contre le bas-côté nord de la nef modifie la physionomie de l’abbatiale du côté de l’ancien cimetière.