Le savant et le général. Les goûts musicaux en France au XVIIIe siècle
William Weber
Weber, William, « Le savant et le général. Les goûts musicaux en France au XVIIIe siècle », Actes de la recherche en sciences sociales, 2010/1 (n° 181-182), p. 18-33.
Extrait de l’article
Faire l’histoire des connaisseurs, c’est faire l’histoire des manières par lesquelles les sociétés ont valorisé le savoir dans les arts et lettres. Au XVIIIe siècle, le connaisseur était en effet celui qui détenait un savoir rare dans un domaine spécifique de la culture. Ce pouvait être un écrivain, un érudit, un mécène, un amateur ou simplement quelqu’un qu’on respectait pour son jugement artistique. Les membres des classes privilégiées avaient quant à eux développé depuis longtemps un sens – une disposition aussi enracinée que leurs manières de table – de ce que les connaisseurs ou les gens en général étaient censés comprendre des arts et de l’importance qu’il fallait accorder au savoir. De ce point de vue, au-delà de l’étude des connaisseurs, celle du public général est essentielle pour les historiens : même si sa taille et sa composition sont difficiles à déterminer, les sociétés ont clairement explicité ce qu’elles considéraient comme réservé aux initiés ou accessible.