Tragédie et tragédie en musique (1673-1727)
C.-M. Girdlestone
C.-M. Girdlestone, "Tragédie et tragédie en musique (1673-1727)", dans Cahiers de l’AIEF, année 1965, volume 17, numéro 1, p. 9 - 23.
Extrait de l’article
Malgré son nom, la tragédie lyrique ou tragédie en musique n’est pas simplement la tragédie tout court avec l’adjonction de la musique et de la danse. Elle constitue un genre indépendant. Je me propose de signaler les principales différences qui la distinguent de la tragédie proprement dite.
On sait que la création de Lulli et de Quinault est en même temps le produit d’une évolution qui s’étend sur trois quarts de siècle et une création consciente et voulue.
Son ascendance comprend la danse et le ballet — ballet à entrées, ballet à chansons —, la pièce à machines, la pastorale et la tragicomédie ; la tragédie proprement dite étant une collatérale plutôt qu’un ancêtre.
La réunion de ces éléments en un tout organique est l’œuvre de Lulli et de Quinault — de Lulli, d’abord, semble-t-il, dont Cavalli disait : « Il a la grande qualité de notre siècle ; il sait ordonner » ; — de Quinault ensuite.
Ces divers éléments étaient comme des fleurs qui poussaient séparément et qu’une main est venue réunir en un seul bouquet. Le résultat, dit Gustave Reynier, est une véritable association de deux arts, et non l’exploitation de l’un par l’autre.