Le sacre de Louis XV
Gérard Sabatier
Sabatier Gérard, « Le sacre de Louis XV », Cahiers Saint Simon, n°45, 2017. Au temps des Lettres Persanes : Les Lumières avant les Lumières ? p. 97-111.
Extrait de l’article
Le sacre de Louis XV le 25 octobre 1722 s’inscrivait dans la longue tradition des cérémonies inaugurales des règnes des rois de France, et il en reprit ne varietur les différentes phases. 68 années le séparaient du sacre précédant, et ce fut comme la résurrection d’un rituel oublié dont il fallait garder la mémoire. Cependant, sept ans après la mort de Louis XIV, et au terme d’une régence qui avait ouvert des perspectives nouvelles, cette « recharge de sacralité » était aussi une « recharge de monarchie », affirmant la continuité avec le règne du grand roi et répondant aux interrogations du temps présent.
Un bref rappel évènementiel est nécessaire.
Comme ce fut le cas précédemment, la journée du sacre et du couronnement de Louis XV prit place dans un ensemble d’itinérances, de cérémonies et de fêtes, le « voyage de Reims », une expédition de longue durée qui s’étira sur presqu’un mois du 16 octobre au 10 novembre 1722. Le roi quitta Versailles le 16 octobre et coucha à Paris aux tuileries, dont il partit le 17 pour un voyage de six jours. Il fit halte à Dammartin, à Villers-Cotterêts, à Soissons, puis à Fismes. Il était accompagné de sa maison militaire, gardes du corps, gendarmes, chevau-légers, mousquetaires gris et noirs, d’une file de carrosses où avaient pris place les princes, les officiers et une suite nombreuse de seigneurs, sans oublier le vol du cabinet. L’enfant de douze ans put se distraire, car « il n’y a pas de jours qu’on n’ait volé des pies ou des corneilles », et entre Fismes et Reims il assista à une chasse au chevreuil. Il fit son entrée à Reims le jeudi 22 octobre. Les régiments des gardes suisses et françaises, la milice bourgeoise de la ville étaient sous les armes. Après être passé sous quatre arcs de triomphe, il se rendit à la cathédrale où l’on chanta un te Deum, puis fut installé au palais du tau, résidence de l’archevêque. Les deux jours suivants furent occupés à des offices religieux dans diverses églises.