Jodelet: un acteur du XVIIe siècle devenu un type
Colette Cosnier
Colette Cosnier, Jodelet: un acteur du XVIIe siècle devenu un type, dans Revue d’histoire littéraire de la France, année 62 (1962), n. 3, p. 329-352.
Extrait de l’article
Si en ce mois de juillet 1959, la chaleur exceptionnelle incitait les Parisiens à rechercher la fraîcheur du soir sous les marronniers des Tuileries, rares étaient ceux que les accents d’un menuet de Lulli avaient attirés près de la Terrasse du Bord de l’Eau où allait commencer une représentation du Théâtre de Plein Air: «Ce n’était que Corneille, on sait que Le Menteur / N’a pas, comme Feydeau, l’art de charmer les coeurs.»
En voyant ce public si peu nombreux, nous ne pouvions nous empêcher d’évoquer l’époque où la pièce semblait «plaisante et fantasque» et où elle allait apporter la célébrité à un de ses créateurs, qui, pour toute une génération, resterait le valet du Menteur. Ainsi, Cliton ne se présentait plus à nous sous les traits de M. Paul Rieger: oubliant ces yeux à fleur de tête et ce nez vermillon digne d’un clown, nous l’imaginions avec le visage blême de son premier interprète, Julien Bedeau, dit Jodelet, et nous nous transportions par la pensée au Théâtre du Marais en 1642, lors d’une représentation du Menteur.