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Molière et l’envoyé de la Sublime Porte

Adile Ayda

Mme Adile Ayda, Molière et l’envoyé de la Sublime Porte, dans Cahiers de l’AIEF, 1957, n° 1, p. 103-116.

Extrait de l’article

Nous sommes réunis ici pour parler des divertissements de cour au XVIIe siècle. Il est certain que le plus grand divertisseur de cour, au XVIIe siècle, fut Molière et que la plus divertissante de ses comédies est « Le Bourgeois gentilhomme », qu’on a appelée une turquerie.

Etant turque moi-même et chargée depuis de longues années de l’enseignement de la littérature française à l’Université d’Istanbul, il est naturel que je me sois intéressée à cette pièce, à sa signification, aux circonstances dans lesquelles elle fut composée. Les manuels de littérature française nous disent que Molière écrivit « Le Bourgeois gentilhomme » par ordre de Louis XIV, lequel voulait se venger de l’orgueil d’un envoyé turc. C’est là une explication qui m’a toujours paru étrange. En effet, elle n’est conforme ni à la logique, ni à la psychologie. Logiquement, un souverain puissant dispose d’autres moyens de se venger de l’arrogance d’un envoyé étranger que de recourir aux soins d’un auteur dramatique. Si ses griefs portent contre l’Etat représenté par l’envoyé, il y a la voie des représailles militaires, politiques, diplomatiques. Si c’est la personne de l’envoyé que vise le courroux royal, il y a mille façons efficaces de le lui marquer. Psychologiquement non plus, l’explication des manuels ne tient pas debout.

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