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Boire et manger aux frais de la princesse : la table à la cour de Marguerite de France 

Jean-Baptiste Santamaria

SANTAMARIA Jean-Baptiste, « Boire et manger aux frais de la princesse : la table à la cour de Marguerite de France », Le Moyen Age, 2019/2 (Tome CXXV), p. 315-335

Extrait de l’article

L’une des premières évocations littéraires de la princesse Marguerite de France nous la montre rayonnante à table lors de son mariage à Paris avec le futur comte de Flandre Louis de Nevers en 1320, trônant parmi les dames de la cour de France à l’instar d’une reine. Nous la devons à Watriquet de Couvin, dans un poème intitulé Li dis de la feste du comte de Flandres, dont un manuscrit fournit d’ailleurs une miniature de la table des dames. Tout au long de sa vie mouvementée, ce rapport à la table demeurera une des facettes du gouvernement de la princesse Marguerite, fille du roi Philippe V. Fille de roi de France, attachée par sa mère Jeanne à l’Artois et à la Bourgogne comtale, Marguerite fut mariée en 1320 au futur comte de Flandre Louis de Nevers ; elle résida en Flandre entre 1329 et 1338, visitant également le Nivernais où elle finit par disposer de nombreuses terres. C’est de cette époque que date le seul compte relativement précis sur les dépenses de sa cour . Surtout, à la mort de Philippe de Rouvre, son petit-neveu, en 1361, elle est son héritière pour les comtés d’Artois et de Bourgogne qu’elle gouverne jusqu’à sa mort en 1382. Figure méconnue à la croisée des cultures curiales de France, de Flandre, d’Artois et de Bourgogne, elle dispose d’un hôtel précédant celui des ducs Valois de Bourgogne avec lesquels elle partage certaines problématiques : caractère bipolaire d’une principauté partagée entre Bourgogne et Artois ; rapport à la cour de France et à Paris ; rapports à la Flandre ; question de l’usage politique de la cour et des « largesses » comtales ; capacité de l’administration à répondre à ces besoins.

La cour ayant pour vocation première la vie quotidienne des princes, l’approvisionnement de la table constituait un aspect essentiel et hautement symbolique . Le prince se doit de répondre aux exigences de libéralité, être capable de nourrir en quantité et en qualité ses gens et ses invités, mobiliser les ressources de son propre domaine : « vivre du sien », avant d’être une maxime politique désignant la faculté à ne dépendre que de ses propres finances, renvoie à cette capacité de subvenir à son « vivre », tout en en faisant bénéficier sa mesnie, sa maison, son hôtel. Or l’ampleur de l’opération logistique consistant à approvisionner un groupe mobile et très exigeant mobilisait d’importantes ressources matérielles et financières, ainsi que de nombreuses compétences au sein de l’hôtel. À ce titre, la trajectoire de la comtesse Marguerite de France n’est pas sans intérêt par ce qu’elle révèle de l’enjeu dans un hôtel féminin.

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