Henri IV et le vin
René Gandilhon
René Gandilhon, "Henri IV et le vin", dans Bibliothèque de l’École des chartes, 1987, n° 2, p. 383-406.
Extrait de l’article
Parmi les rois de France, c’est fort probablement Henri IV qui a le plus retenu l’attention des historiens et des romanciers. Sa popularité, pour certaine qu’elle fut, a été propagée par des anecdotes vraies ou inventées qui lui ont été attribuées, tel le souhait de voir les paysans mettre chaque dimanche la poule au pot. Son nom est également volontiers associé à une familiarité précoce et durable avec le vin. Avant de faire état d’une documentation nouvelle relative à l’approvisonnement de la cour d’Henri IV en vin, il convient de rappeler la place qu’a tenue le vin lors de la naissance du futur roi.
De son mariage avec Antoine de Bourbon, Jeanne d’Albret accoucha à Pau, dans la nuit du 12 au 13 décembre 1553, d’un garçon qui devait devenir Henri IV. Selon la tradition, son grand-père Henri d’Albret emporta immédiatement dans sa chambre le nouveau-né, lui frotta les lèvres avec une gousse d’ail, véritable « thériaque de Gascogne » dont le jus passait pour éloigner les maladies contagieuses, et lui fit « boire du vin de Jurançon ».