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Espaces sauvages et chasses royales dans le Nord de la Francie, VIIème-IXème siècles

Régine Hennebicque

Hennebicque, Régine, "Espaces sauvages et chasses royales dans le Nord de la Francie, VIIème-IXème siècles", dans Actes des congrès de la Société des historiens médiévistes de l’enseignement supérieur public, 10e congrès, Lille, 1979, Le paysage rural : réalités et représentations, p. 35-57.

Extrait de l’article

En 645, on fonde l’abbaye de Saint Wandrille en un endroit « rendu inaccessible par l’âpreté des buissons, la densité des épineux, l’immensité des espaces inutiles et des marais. On y trouvait plus de repaires de brigands et de tanières de bêtes sauvages que d’habitations humaines ». Trois ans plus tard, le roi Sigebert III fonde dans sa forêt ardennaise les monastères de Stavelot et Malmédy « dans des lieux de vaste solitude où se reproduisent les bandes de bêtes sauvages ». Selon Folcuin, le site choisi pour l’abbaye de Lobbes était « un lieu propice à la préparation des embuscades et aux brigandages, car, comme on l’a dit, il est entouré de forêts et aiguisé de rochers »... Certes, ces endroits étaient particulièrement favorables à l’installation de communautés monastiques qui fuyaient le monde, mais à y bien regarder, toutes les grandes forêts qui, autour de l’an Mille, couvrent encore des étendues considérables, apparaissent comme de tels espaces sauvages : aux VIIIème et IXème siècles par exemple, la forêt des Yvelines semble célèbre pour ses bêtes sauvages et le biographe de Louis le Pieux, l’Astronome, insiste sur les « lieux écartés » et la « vaste solitude » de ces régions vosgiennes où l’empereur aimait à chasser... Par bien des aspects, le nord de la Francie devait ressembler à cette Germanie du Ier siècle que Tacite décrivait comme « hérissée de forêts et enlaidie de marécages ».

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