Plastica Dei et rhétorique du corps. Écritures de l’apparence au Moyen Âge (XIIe-XIIIe siècles)
Carlos F. Clamote Carreto
Carlos F. Clamote Carreto, "Plastica Dei et rhétorique du corps. Écritures de l’apparence au Moyen Âge (XIIe-XIIIe siècles)", dans Apparence(s), année 2008, numéro 2.
Résumé de l’article
(Dé) voilant les sept arts libéraux sous les traits emblématiques de dames dont les corps élégants et séducteurs sont parés de somptueux vêtements ornés de toutes les figures et couleurs de style, le fameux traité de Martianus Capella, Les noces de Philologie et de Mercure, qui fixera pour plusieurs siècles à venir le concept de littérature et toutes les formes du savoir clérical ancrées dans l’art de la lettre, assume sans ambages la défense du plasma fictionnelle contre l’empire de la plastica Dei dont Tertullien s’était fait, quelques siècles auparavant, le plus virulent des avocats. Cette déchirure épistémologique, renforcée par l’ambivalence inhérente à la conception du corps et de la parure dans la tradition biblique et exégétique, marquera définitivement les contours du récit médiéval et la conception même de l’apparence et du paraître dans l’Occident médiéval. L’imaginaire courtois développe ainsi une sémiologie complexe où les ornements qui recouvrent à profusion la surface du corps, lui assignant (ou refusant) une place dans la société et dans la vaste syntaxe du monde, sont autant de métaphores reluisantes et trompeuses de l’ornatus rhétorique sur lesquelles s’appuiera, au fil des textes, toute une réflexion sur le langage poétique et le pouvoir de la représentation.