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Vêtir les souverains français à la Renaissance : les garde-robes d’Henri II et de Catherine de Médicis en 1556 et 1557

Isabelle Paresys

Isabelle Paresys, « Vêtir les souverains français à la Renaissance : les garde-robes d’Henri II et de Catherine de Médicis en 1556 et 1557 », Apparence(s), 6, 2015

Extrait de l’article

Faute de conservation de vêtements et d’inventaires de garde-robes, la série des rôles de dépenses de l’Argenterie royale est la seule source documentaire qui nous permette d’approcher de près le contenu des garde-robes royales françaises de la Renaissance. Malgré une conservation fort fragmentaire pour le XVIe siècle, cette série apporte des milliers d’informations sur les dépenses des souverains. Pour autant ce domaine de recherche est encore bien peu exploré pour la France de la Renaissance, par comparaison avec les études médiévales ou celles menées en Angleterre ou en Italie, voire en Espagne. Seule Jacqueline Boucher avait commencé à exploiter les quelques documents conservés pour Henri III et pour les reines Marguerite de Valois et Louise de Lorraine. Jusqu’aux dernières années du règne d’Henri IV, on ne conserve en effet que quelques registres épars. Mon choix s’est donc porté sur deux registres, ceux des Argenteries d’Henri II et de Catherine de Médicis, miraculeusement préservés pour deux années très proches, 1556 (pour la reine) et 1557 (pour le roi), fait rarissime dans cette série documentaire et qui présente l’avantage de permettre une comparaison des deux souverains. Nés en 1519, ceux-ci règnent de 1547 à 1559 et sont âgés de trente-sept et trente-huit ans au moment de la rédaction des manuscrits. En 1556, la reine vient de donner naissance à des jumelles, ses derniers enfants. Leur cour est décrite comme somptueuse, réputation qui la poursuivra encore sous le non moins fastueux Louis XIV, puisque Mme de La Fayette situera l’action de son roman La Princesse de Clèves (1678) à la cour d’Henri et de Catherine. Son éclat masque pourtant un contexte assombri par une répression accentuée envers les protestants et une politique extérieure anti-espagnole très coûteuse (expéditions militaires en Italie en 1556 et défaite de Saint-Quentin devant Philippe II en août 1557) qui mènera à la paix de 1559.

La vêture des souverains relève d’un budget annexe à celui de la Chambre aux deniers qui gère habituellement les dépenses des Maisons civiles royales. Il s’agit de l’Argenterie qui assume pour les Maisons du roi et de la reine les dépenses ordinaires de matériel en métaux communs (pour la Chapelle ou la Chambre, par exemple) et vêtements. De gros registres de parchemin de plus de cent-vingt pages chacun relèvent les milliers de dépenses de l’année. Ils sont tenus par les contrôleurs des deux Argenteries. Que nous apprennent ces documents sur les pratiques vestimentaires du couple royal à un moment où la mode espagnole est réputée dominer les apparences des élites européennes ? Je tenterai de répondre à la question en évoquant tout d’abord ce que l’on peut comprendre de l’économie de la garde-robe royale à partir des comptes. Puis j’examinerai les vestiaires royaux avant de conclure sur leur magnificence et leur cosmopolitisme.

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