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Cérémonial, étiquette et politesse au temps du duc de Saint-Simon : interrogations et mises en perspective

Philippe Hourcade

Hourcade, Philippe. Cérémonial, étiquette et politesse au temps du duc de Saint-Simon : interrogations et mises en perspective, Cahiers Saint-Simon, n° 39, 2011. Cérémonial, étiquette et politesse chez le duc de Saint-Simon, p. 111-122.

Extrait de l’article

Dans mon esprit, le projet de cette Journée visait notamment à tenter de voir un peu plus clair dans les notions de cérémonial et d’étiquette, leurs définitions respectives ne me paraissant pas aussi évidentes qu’on a coutume de le penser. Après avoir écouté les savantes communications d’aujourd’hui, la mise au point de Mathieu Da Vinha particulièrement, cela me semble envisageable. Je vais cependant y revenir, y réfléchir et procéder à un tour d’horizon qui nous mènera au-delà du temps de Saint-Simon.

Une distinction me paraît perceptible entre les notions de cérémonial et d’étiquette. Le terme désignant la première aide à se représenter des séances exceptionnelles, du moins de fréquence rare et de durée mesurée. Indépendamment ou non de sa signification symbolique, le cérémonial s’ingénie à imprimer dans l’imagination individuelle ou collective le spectacle d’une hiérarchie humaine arborant des habits distinctifs, procédant à des gestes et à des mouvements codés, maniant des objets précis, proférant des paroles conformément à un rituel appris par cœur, se déplaçant en un espace ouvert ou fermé, lui-même arpenté et en quelque sorte marqué au sol à la craie ou encore disposé hiérarchiquement dans sa hauteur. Au risque de sembler empesé, mécanique, le cérémonial est, entre autres effets, censé rassurer les tenants de l’ordre établi, leur signifier que rien ne change, de par son allure intimidante de solennité et de hiératisme. Du côté de l’étiquette, et c’est déjà une nuance, cette dernière impression tendrait à s’atténuer ou à se diluer. C’est que nous abordons, ce me semble, les instants de la vie quotidienne, avec ce que cela implique de quasi furtif, et même de naturel, quoique de caractère un peu guindé et répétitif. Les principes d’ordre et de respect, d’admission et d’exclusion propres au cérémonial n’ont pas disparu, mais la visibilité en est moins ostensible, moins évidente aux yeux du profane : elle tendrait presque à n’y faire voir que de simples usages, des façons de se conduire en société choisie. Et surtout, le souci de préséance paraît y avoir été remplacé par celui de la distinction individuelle de soi. Glisserons-nous dès lors vers le monde de la politesse ? Non, pour le moment.

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