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Les services symboliques entre dignité et contrainte

Gerd Althoff

Gerd Althoff, "Les services symboliques entre dignité et contrainte", dans Annales, 58e année, 2003/6.

Extrait de l’article

De tous temps, l’exercice du pouvoir, sous quelque forme que ce soit, est toujours plus facilement supporté et accepté quand il s’accompagne d’une légitimation et si les dispositions qu’il comporte en masquent la contrainte ou l’arbitraire. De multiples théories, discours et argumentations, qui affirment le caractère divin du pouvoir, ou le présentent comme mis au service de l’intérêt commun, permettent d’adhérer à la contrainte qu’il représente. Mais, dans l’exercice pratique du pouvoir, on relève également toute une série de techniques mettant en avant la participation, le concours ou le libre arbitre.

Au Moyen Âge et au début de l’époque moderne, le pouvoir n’était pas encore accaparé par l’État, mais se répartissait en structures « polycentriques ». Ces techniques visaient notamment à en voiler le caractère coercitif et présentaient déjà une diversité et une subtilité étonnantes. Les « classes dirigeantes » privilégiaient des formes consensuelles d’exercice du pouvoir, car la noblesse et l’Église en premier lieu, puis les états se considéraient moins soumis au pouvoir que participant de ce même pouvoir. Aussi n’exécutait-on pas des ordres : on en discutait chaque point pour n’appliquer une décision qu’après être parvenu à un consensus. Ces représentations de la participation au pouvoir trouvaient un écho dans les modalités concrètes des relations entre individus, qui en constituaient la matérialisation spécifique.

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