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Repenser les statuts sociaux

Étienne Anheim, Jean-Yves Grenier, Antoine Lilti

Anheim, Étienne, Grenier Jean-Yves, Lilti Antoine, « Repenser les statuts sociaux », Annales. Histoire, Sciences Sociales, 2013/4 (68e année), p. 949-953.

Extrait de l’article

L’existence des « statuts sociaux » précède celle des sciences sociales, qui s’en sont emparés au XIXe siècle en puisant d’abord dans les écrits des juristes des XVIIe et XVIIIe siècles et, plus largement, dans le vocabulaire par lequel les groupes sociaux se désignent à travers le temps et l’espace. Dès cette époque, ils occupent une place centrale dans les travaux des historiens, des sociologues et des anthropologues, qui tentent de décrire et d’expliquer les dynamiques des sociétés humaines et participent à la structuration des débats au sein des sciences sociales, comme en témoignent les jeux et rejeux de l’opposition entre les classes de Karl Marx et les statuts de Max Weber, en particulier chez des lecteurs parfois guidés par des arrières pensées politiques. M. Weber a considérablement contribué au succès de la notion en ajoutant à une dimension juridique et à une conception de la société comme corps, héritées de l’Ancien Régime, un contenu proprement sociologique, lié à la hiérarchisation selon une échelle du prestige social qui n’est ni directement héréditaire, comme dans les castes, ni purement économique, comme dans les classes. Si cette définition a rarement été utilisée de manière stricte par les historiens, les sociologues et les anthropologues, elle a permis de proposer un concept délimitant, au sein d’une société donnée, des groupes d’individus dotés de caractéristiques juridiques mais aussi symboliques communes, en intégrant à l’analyse historique des catégories maniées par les acteurs. Ainsi, durant les années 1960, c’est autour des statuts que se cristallisent les interprétations de l’Ancien Régime comme société d’ordres ou de classes, alors qu’émergent les discussions entre emic et etic parmi les anthropologues.

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