Sur la fortune de Mazarin. Un essai de "réhabilitation"
Tomiko Yoshida
Tomiko Yoshida, "Sur la fortune de Mazarin. Un essai de ’réhabilitation’", dans Histoire, économie & société, année 1990, n° 4, p. 503-520.
Extrait de l’article
Les Français ont « supporté », de 1643 à 1661, un ministre « prévaricateur » Mazarin. Il a profité de son pouvoir, pour se construire une fortune exorbitante. A sa mort, en mars 1661, l’actif inventorié en fut évalué à environ quarante millions de livres, soit équivalent de la moitié du budget de la même année1. Les Français de jadis et d’aujourd’hui ont toujours traité le ministre de « voleur », et à ce titre de « traitre » envers le roi, son maître, et envers le peuple français. Cette vision est presque irrévocablement établie en histoire, depuis le début du XIXe siècle. Néanmoins, elle ne me convainc pas.
Plus j’essaie de connaître le cardinal, plus je m’égare dans un labyrinthe de thèses contradictoires. Y dominent les témoignages négatifs de ses contemporains - notamment sur sa fameuse fortune - sur lesquels les historiens du XIXe siècle ont bâti leur verdict. Ces témoignages sont très souvent faux, soit par pure calomnie, soit par simple malentendu, ou par imagination.