Le Grand Tour : une pratique d’éducation des noblesses européennes (XVIe - XVIIIe siècles)
Jean Boutier
Jean Boutier, Le Grand Tour : une pratique d’éducation des noblesses européennes (XVIe - XVIIIe siècles), dans Le voyage à l’époque moderne, Paris, Presses de l’Université de Paris Sorbonne, 2004, p. 7-21.
Extrait de l’article
Francesco Maria Fiorentini, un jeune gentilhomme italien originaire de la république de Lucques, séjourne durant près de neuf mois mois, dans l’hiver 1725-1726, à l’académie de Lunéville, institution d’éducation pour les jeunes nobles que le duc de Lorraine, Léopold de Habsbourg, avait ouvert une trentaine d’années auparavant, en mai 1699. Il y côtoie une
aristocratie venue de « toutes les nations », c’est-à-dire des principaux pays d’Europe.
Fiorentini, qui rédige ses mémoires sur la fin de sa vie, dans les années 1770, détaille les origines de ses condisciples : peu d’Anglais, deux autres Italiens – un noble de Turin, le marquis d’Osasio, et un bolonais, le comte Bentivoglio –, des scandinaves – deux Suédois, quelques Danois –, surtout un très grand nombre d’Allemands, terme qui regroupe, en plus
des Allemands au sens strict – tel le prince héréditaire de Hesse Rheinfels Rottenburg –, aussi bien les Silésiens, les Moraves que les Polonais ou les Hongrois ; au total, une trentaine de jeunes nobles qui, pour parfaire leur éducation et vivre à la cour de Lorraine, s’y sont arrêtés durant quelque mois, étape d’un plus long voyage à travers l’Europe dont les itinéraires et les
calendriers diffèrent.