Le séjour des seigneurs de la suite de Louis I, duc d’Anjou à Dubrovnik (Raguse) de 1383 à 1385
Nenad Féjic
Féjic, Nenad, "Le séjour des seigneurs de la suite de Louis I, duc d’Anjou à Dubrovnik (Raguse) de 1383 à 1385", dans L’étranger au Moyen Âge. Actes des congrès de la Société des historiens médiévistes de l’enseignement supérieur public, 30e congrès, Göttingen, 1999, p. 107-115.
Extrait du texte
La réalité et les signes de pouvoir étaient, à l’époque que nous envisageons, étroitement associés entre les mains du prince et de son entourage. Leur séparation était la conséquence de circonstances particulières.
L’histoire du séjour des seigneurs de la suite de Louis I, duc d’Anjou, dans la république slave de Dubrovnik (Raguse) de 1383 à 1385, nous permet, grâce aux riches archives de cette ville, et notamment aux registres des conseils urbains, de saisir au vif, un tel moment d’hésitation du destin, où des seigneurs-corsaires, au service du duc, venant de l’Italie du Sud, turent soudainement dépourvus de la réalité du pouvoir par les patriciens ragusains, qui leur témoignèrent néanmoins le respect du à la situation princière de leur illustre suzerain (...)
Les chroniqueurs ragusains nous apprennent que les seigneurs de la suite de Louis I s’embarquèrent vers Noël 1383 à Tarente, sur une "trirème et une birème, munis d’argent et d’une partie des bijoux de la couronne royale du duc d’Anjou, d’une valeur de 21 000 ducats, afin de recruter de nouveaux mercenaires pour l’armée décimée de leur suzerain". Quelques jours plus tard, les Conseils et le recteur ragusain furent mis au courant de l’équipée angevine. Les nouvelles n’étaient guère encourageantes : les seigneurs angevins auraient en effet débarqués dans une île au large de Dubrovnik, et après l’avoir pillée et dévastée, auraient emmené en captivité tous les habitants et un patricien ragusain, probablement le gouverneur de l’île...