Entretien avec Françoise Autrand et Bernard Guenée, à propos de la folie du roi Charles VI
Cédric Quertier, David Sassu-Normand
Cédric Quertier et David Sassu-Normand, « Entretien avec Françoise Autrand et Bernard Guenée, à propos de la folie du roi Charles VI », Tracés. Revue de Sciences humaines [En ligne], 6 | 2004
Extrait de l’article
Charles VI n’a que douze ans lorsqu’il devient roi de France en 1380. Cette minorité, inédite depuis Saint Louis implique, en dépit du sacre intervenu dans la même année, une régence de fait, assurée par les oncles du roi, à savoir le duc de Bourgogne et le duc de Berry, grands princes de la famille des Valois, auxquels s’opposent peu à peu les Marmousets, conseillers imbus de la puissance émergente de l’Etat et que le roi décide d’appeler à son service à partir de 1388.
Le règne de Charles VI s’inscrit dans un contexte de division politique interne, mais il prend également place dans une situation de guerre, ou du moins de guerre larvée, puisque le conflit franco-anglais (Guerre de Cent Ans) apparaît figé, en dépit de projets de débarquement en Angleterre entre 1385 et 1387.
La Chrétienté connaît elle aussi des difficultés puisque, depuis 1378, un schisme oppose le Pape d’Avignon au Pape de Rome ; ce Grand Schisme d’Occident redouble le conflit France-Angleterre, puisque chacun de ces deux pays regroupe autour de lui les souverains favorables ou non au Pape d’Avignon, créature par excellence des Français depuis Philippe le Bel.
C’est dans ce triple contexte, intérieur, « géopolitique », et « chrétien » qu’intervient, en 1392, la folie du roi, alors que ce dernier est en route pour la Bretagne, dont le duc est tenu pour responsable de l’assassinat du connétable de France, Olivier de Clisson, haut personnage de l’Etat et proche du roi.