La disgrâce d’Antoine Daquin, Premier médecin de Louis XIV (1693)
Jean-Jacques Peumery
Peumery, Jean-Jacques, La disgrâce d’Antoine Daquin, Premier médecin de Louis XIV (1693), dans Vesalius, II, 2, 1996, p. 79-85.
Extrait de l’article
Antoine Daquin, Premier médecin de Louis XIV et comte de Jouy-en-Josas, naquit à Paris. Il était le fils de Louis-Henri Daquin, médecin de la reine Marie de Médicis ; son grand-père paternel, né dans la religion juive, se convertit au catholicisme à Aquino, en Italie, d’où son nom d’Aquin, puis Daquin. A. Daquin fit ses études de médecine à Montpellier et fut reçu docteur le 18 mai 1648. Il épousa Marguerite Gayant, la nièce d’Antoine Vallot, Premier médecin de Louis XIV ; cette parenté lui permit d’obtenir la charge de Premier médecin de la reine, puis, après la mort de Vallot, de lui succéder, le 18 avril 1672, comme Premier médecin du roi. Le soutien de la favorite, Mme de
Montespan, le servit dans cette désignation. Daquin était bon médecin, mais Use montra maladroit : "grand courtisan, mais riche, avare, avide, voulant établir sa famille en toutes façons". Il osa réclamer au roi l’archevêché de Tours, pour l’un de ses fils abbé : "ce fut l’écueil où il se brisa". Le 2 novembre 1693, le comte de Pontchartrain vint chez lui, par ordre du roi, lui annoncer qu’ildevait quitter la Cour sur-le-champ, avec défense d’y revenir et d’écrire au roi. Guy-Crescent Fagon était nommé archiatre à sa place, le même jour ; mais Fagon avait travaillé à la perte de Daquin, dans l’intention de lui ravir ce poste, avec la complicité de la nouvelle favorite, Mme de Maintenon. Après sa disgrâce, Daquin se retira vraisemblablement à Moulins ; il mourut obscurément à Vichy, le 17 mai 1696. Daquin est aujourd’hui considéré comme une victime des intrigues de Cour, d’où sa célébrité.