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Le Buffon de l’humanité. La zoologie politique de J.-J. Grandville (1803-1847)

Philippe Kaenel

Kaenel, Philippe : La zoologie politique de J.-J. Grandville (1803-1847), dans Revue de l’Art, Année 1986, Volume 74, p. 21-28.

Extrait de l’article

« Lavater nous apprend que les deux res­semblances animales, les plus rares à ren­contrer chez l’homme, sont celles de l’élé­phant et de l’écrevisse. Grandville savait les y démêler. La belle tête du fabuliste grec avait toujours pour lui une doublure de pelage ou de plumage ; d’ours ou de lion, de cygne ou d’oie. Il en retournait le masque matois, féroce ou rusé, comme il aurait fait d’un gant, et l’on voyait apparaître le visage intérieur de Janus, le reflet des traits subis, le revers de l’expression simulée : un chat, un jaguar, une dinde. C’est en cela que l’œuvre de Grandville est hiéroglyphique, et doit se déchiffrer comme un obélisque. »
Le 20 avril 1833. Grandville notait dans son journal : « Daumier vient nous allons ensemble au Jardin des plantes causeries de peinture », puis il ajoute, le 30 mai de la même année : « nous allons Giaud et moi au Jardin des Plantes - ». Ces deux extraits contredisent en partie l’anecdote rapportée par Charles Blanc en 1854, selon laquelle Grandville aurait affirmé vers 1830, n’avoir « vu les animaux que dans Buffon. C’est là que je les étudie (et il montrait une petite édition anglaise de l’Histoire naturelle : Extracts from Buffon, in-12) ; voilà le livre d’où je suis sorti3 ». Cette référence bibliographique introu­vable désigne néanmoins avec exactitude la source principale de l’œuvre du dessinateur, à savoir l’illustration scientifique et Buffon. La question qu’il s’agit de poser ici, est de savoir dans quelle mesure Grandville, en habitué du Muséum, était au courant des débats scienti­fiques dont ce lieu fut le théâtre sous la Restau­ration et la Monarchie de Juillet, et si ses emprunts de modèles iconographiques se dou­blaient d’une utilisation, ou même d’une mise en image de discours scientifiques ou pseudo-scien­tifiques, ceci à l’âge de la biologie naissante.

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