Philippe d’Orléans et les sciences
Simone Mazauric
Mazauric, Simone. Philippe d’Orléans et les sciences, Cahiers Saint-Simon, n° 34, 2006. Philippe d’Orléans, p. 59-73.
Extrait de l’article
L’histoire n’a pas prioritairement retenu de Philippe d’Orléans l’image d’un prince amateur de sciences. Certes, il est peu de biographies qui ne rappellent qu’il jouissait auprès de ses contemporains d’une réputation de savant. Néanmoins, le rapport qu’il a entretenu avec les sciences demeure largement un point aveugle des travaux qui lui sont consacrés. Aveugle d’abord en raison de la rareté et finalement de la pauvreté des informations habituellement livrées à ce sujet. Aveugle également en raison de la confusion qui règne en ce qui concerne aussi bien la nature exacte que les arguments ou les «preuves » avancées pour attester la réalité de cet intérêt, arguments ou preuves dont l’exhibition relève souvent du malentendu ou de l’omission : l’amour pour la chimie se confond avec la pratique de l’alchimie et avec la recherche de la pierre philosophale, et sert essentiellement non pas, il est vrai, à légitimer, mais du moins à permettre de comprendre les accusations d’empoisonnement dont il a été victime. Prince savant, certes, mais dont le goût pour les sciences n’est finalement évoqué non pas tant pour corriger ou contrebalancer sa réputation de prince libertin que pour, en quelque façon, s’insinuer en elle. Simultanément, tout un versant de l’activité du Régent en faveur des sciences est le plus souvent entièrement occulté.