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Qu’est-ce que les anti-Lumières ?

Didier Masseau

Masseau, Didier, « Qu’est-ce que les anti-Lumières ? », Dix-huitième siècle, vol. 46, no. 1, 2014, p. 107-123.

Extrait de l’article

Notre réflexion s’inscrira dans le sillage d’un dictionnaire des anti-Lumières et des antiphilosophes (1715-1815) que nous dirigeons. Cet ouvrage vise à rendre compte des gens de lettres et plus largement de tous les esprits qui, durant cette période, ont manifesté leur opposition aux philosophes français du XVIIIe siècle. Nous tenterons surtout dans cet article d’ouvrir des pistes et d’établir le bilan, par définition provisoire, d’une recherche collective en cours.

Le phénomène a bien sûr une dimension européenne. Herder est un représentant incontournable des anti-Lumières nordiques, de même que Vico, en Italie, se fait connaître dans toute l’Europe. Les convergences et les influences entre ces penseurs et les philosophes français sont nombreuses. Maistre rejoint Herder quand il affirme que les nations possèdent une âme générale et qu’une véritable unité morale les constituent. On se limitera néanmoins à la France, par crainte de mal étreindre en embrassant trop, mais l’on évoquera aussi les étrangers quand leur influence fut primordiale sur les représentants des anti-Lumières françaises. Comment ne pas mentionner Burke, si l’on traite des adversaires de la Révolution ? Ce dictionnaire laisse de côté la critique des Lumières durant la plus grande partie du XIXe siècle, de la Restauration à la Troisième République, véritable continent, méritant un autre ouvrage, même si le nôtre ne s’interdit pas des incursions vers l’aval. La période révolutionnaire et celle de l’Empire qui ferment notre enquête constitueront un domaine privilégié pour la question des anti- Lumières. Plusieurs travaux de qualité, entre autres ceux de Darrin Mac Mahon, de Jean-Luc Chappey et de Stéphane Zékian, ont déjà bien exploré cette période, en insistant notamment sur les enjeux dont témoigne le retour au XVIIe siècle dans les années 1800-1815. Il reste cependant beaucoup à dire, notamment sur les prises de position suscitées par la Terreur. La « réaction » qui s’installe pour pourfendre le « philosophisme » bat évidemment son plein.

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