Savoirs mondains, savoirs savants : les femmes et leurs cabinets de curiosités au siècle des Lumières
Adeline Gargam
Adeline Gargam, « Savoirs mondains, savoirs savants : les femmes et leurs cabinets de curiosités au siècle des Lumières », Genre & Histoire, n°5, Automne 2009.
Extrait de l’article
Dans la France des Lumières, la culture de la curiosité est un phénomène de mode mais surtout un jeu social et intellectuel. La présente étude entend retracer l’histoire d’une trentaine de cabinets féminins de curiosité tenus à cette époque. Des femmes fortunées de l’aristocratie et de la bourgeoisie parisienne et provinciale ont alors constitué sous l’emprise de leur libido sciendi des cabinets d’alchimie, de minéralogie, de physique‑chimie, d’histoire naturelle et d’anatomie naturelle et artificielle. Ces cabinets obéissent à une typologie particulière. Il en existe deux catégories : les cabinets d’amateurs, constitués pour la parade et le spectacle des visiteurs et fonctionnant comme de véritables écoles de plaisirs intellectuels et éducatifs ; les cabinets à finalité scientifique et didactique, formés par des savantes expérimentées qui se livrent dans leurs laboratoires à des recherches personnelles et expérimentales au nom des progrès de la science médicale et de l’instruction publique. La réflexion porte aussi sur le fonctionnement de ces cabinets privés de curiosité, particulièrement sur leur mode de constitution, leur décor intérieur ainsi que sur le contenu des collections qui nécessitaient certaines techniques d’organisation, d’acquisition et de conservation communes à celles de leurs homologues masculins.