Une grande controverse scientifique au XVIIIe siècle. L’abbé Nollet et Benjamin Franklin
Jean Torlais
Jean Torlais. Une grande controverse scientifique au XVIIIe siècle. L’abbé Nollet et Benjamin Franklin , Revue d’histoire des sciences, 1956, n° 4, p. 339-349.
Extrait de l’article
Lorsque parurent en 1752 les Lettres sur l’électricité de Benjamin Franklin à son ami Collinson, l’étonnement des « Physiciens électriseurs » fut grand en Europe. Elles étaient l’œuvre d’un inconnu, car si Collinson était de la Société royale de Londres, on ne connaissait pas mieux Benjamin Franklin qu’on ne situait exactement son pays de Pennsylvanie, à tel point que l’abbé Nollet, le grand spécialiste alors en électricité, crut un instant que c’était une machination de ses ennemis à Paris.
Cette correspondance, primitivement, n’était pas destinée à l’impression. C’est Buffon qui, trouvant la doctrine intéressante et le livre mal traduit, demanda à son ami Dalibard d’en faire une bonne traduction. Curieux choix, dirons-nous. Sans doute, Buffon et Dalibard se connaissaient-ils de longue date. Mais celui-ci, beaucoup plus botaniste que physicien, était si peu « électriseur » qu’il dut, pour s’initier à la question, suivre les leçons que Delor, en sa maison de l’Estrapade, faisait aux gens du monde et aux curieux, à la manière de Nollet.