Androgynie, érotisme et ambiguïté de l’image picturale à la Renaissance : un exemple paradigmatique
Elisa de Halleux
Halleux, Elisa de, "Androgynie, érotisme et ambiguïté de l’image picturale à la Renaissance : un exemple paradigmatique", dans Seizième Siècle, n° 7, 2011, p. 37-47.
Extrait de l’article
Dans le Satyricon de Pétrone, un texte bien connu à la Renaissance, l’ambiguïté sexuelle est liée à l’aventure amoureuse homosexuelle qui fait l’objet du récit. Plusieurs des personnages y sont décrits comme efféminés. Des sources littéraires antiques montrent donc qu’un lien pouvait facilement être établi à cette époque entre homosexualité et androgynie. A la Renaissance, cette corrélation est un lieu commun dans les attaques qui visent les sodomites, comme celles de Savonarole, de Bernardin de Sienne, ou encore du diariste vénitien Priuli. Selon ce dernier, ceux qui se parent, se parfument avec excès et s’adonnent à la sodomie, ne devraient pas être « appel[és] des jeunes hommes mais des femmes ». De même, dans le Galateo, Giovanni Della Casa associe explicitement l’’homosexualité au port de vêtements trop élégants. L’effémination est donc attachée à la parure, aux atours, considérés depuis l’’Antiquité comme typiquement féminins. L’analyse de documents d’époque montre que cette association entre effémination et homosexualité, sans être systématique, est cependant fréquente à l’ère moderne. Si le commerce de Benvenuto Cellini avec des partenaires du même sexe n’amoindrit en rien la perception qu’il a de sa virilité, comme il ressort de la lecture de sa Vie, c’est que l’artiste conserve le rôle actif et dominant dans ses relations avec des femmes ou des garçons (celui de l’agens). Le partenaire plus jeune et passif (le patiens) se voit en revanche souvent attribuer, par les acteurs de la répression judiciaire de l’homosexualité notamment, des qualificatifs féminins.
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