Castiglione, Gracián et la "cortesana filosofia"
Maria Teresa Ricci
Ricci, Maria Teresa. Castiglione, Gracián et la "cortesana filosofia", Réforme, Humanisme, Renaissance, n° 76, 2013, p. 35-47.
Parmi les peuples qui peuvent imiter la figure du courtisan, Baldassar Castiglione (1478-1529) trouve que les Espagnols sont ceux qui peuvent s’accorder plus facilement avec les Italiens. Dans son célèbre traité Le Livre du Courtisan (1528), qui nous fournit le portrait du parfait courtisan, Castiglione écrit :
Il me semble que les Espagnols s’accordent mieux dans leurs façons de faire avec les Italiens que les Français, parce que cette gravité posée, particulière aux Espagnols , me semble beaucoup plus convenir à nous autres que la prompte vivacité qui se reconnaît dans la nation française presque dans chaque geste.
Castiglione constate donc qu’il y a une certaine correspondance entre les Italiens et les Espagnols. En Espagne, en effet, le Courtisan connaît un succès particulier. Il y est publié six ans après sa parution en Italie, dans la traduction de Juan Boscán et il sera réédité plusieurs fois dans les années qui suivirent. On verra aussi paraître des imitations comme, par exemple, le traité du musicien Luis Milan, Libro intitulado El Cortesano, publié en 1561, qui tout au début de son œuvre cite le « conde Baltasar Castillon » . Mais le traité de Castiglione s’adaptera très bien aussi à l’atmosphère du XVIIe siècle espagnol, lorsqu’il parviendra dans les mains de Baltasar Gracián (1601-1658).