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Félicité de Choiseul-Meuse : du libertinage dans l’ordre bourgeois

Valérie Van Crugten-André

Van Crugten-André, Valérie, "Félicité de Choiseul-Meuse : du libertinage dans l’ordre bourgeois", dans MORTIER Roland, HASQUIN Hervé, éd, "Portraits de femmes", in Etudes sur le XVIIIe siècle, Volume XXVIII, Editions de l’Université de Bruxelles, 2000.

Extrait de l’article

« Les femmes, en général, n’aiment aucun art, ne se connaissent à aucun, et n’ont aucun génie. Elles peuvent réussir aux petits ouvrages qui ne demandent que de la légèreté d’esprit, du goût, de la grâce, quelquefois même de la philosophie et du raisonnement. Elles peuvent acquérir de la science, de l’érudition, des talents, et tout ce qui s’acquiert à force de travail. Mais ce feu céleste qui échauffe et embrasse l’âme, ce génie qui consume et dévore, cette brûlante éloquence, ces transports sublimes qui portent leurs ravissements jusqu’au fond des coeurs, manqueront toujours aux écrits des femmes ; ils sont tous froids et jolis comme elles » 1. Cet avis péremptoire, d’une extraordinaire misogynie, correspond en tout point à l’image que Rousseau se faisait de la femme : en aucune façon l’épouse d’Emile ne saurait prétendre au génie créateur de l’homme de lettres. Le cliché est certes rebattu, mais sa fréquence dans les écrits du XVIIIe siècle atteste la permanence d’une idée reçue qui trouverait, fort probablement, de nombreux défenseurs dans nos sociétés modernes. Si l’on refuse à la femme la légitimité intellectuelle et le talent artistique ou littéraire, on lui dénie davantage encore le droit à parler de sa propre sexualité.

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