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La prophétie en marge de l’histoire. Sur le dialogue de Coligny et de Charlotte de Laval (Agrippa d’Aubigné, Histoire Universelle, livre III, chapitre 2)

Jean-Raymond Fanlo

Fanlo, Jean-Raymond, La prophétie en marge de l’histoire. Sur le dialogue de Coligny et de Charlotte de Laval (Agrippa d’Aubigné, Histoire Universelle, livre III, chapitre 2), dans Bulletin de l’Association d’étude sur l’humanisme, la réforme et la renaissance, 1985, Vol. 20, p. 23-34.

Extrait de l’article

Dans l’Histoire Universelle, le dialogue de Coligny et de Charlotte de Laval, placé, immédiatement après l’évocation du massacre de Vassy, tout au début du livre consacré à la première guerre de religion, a une importance capitale : il donne la justification religieuse de l’insurrection huguenote. En effet, le chapitre auquel il appartient se compose de deux parties : la première, narrative, rapporte la plainte déposée auprès du Roi par les Réformés sur le massacre de Vassy. « Le conseil du Roi demeura en silence » ; pire : le Roi de Navarre hâte la venue à Paris du duc de Guise, accueilli par le peuple aux cris de « Vive Guise, comme on cric, Vive le Roi ». Condé, « voyant Paris saisi par ses ennemis », quitte la capitale. Cette première partie justifie politiquement la rébellion : le conseil du Roi ne rendant plus la justice, le pays étant dominé par un prince étranger, Guise, les sujets ont le droit, suivant les conceptions politiques des monarchomaques, de se révolter. A cet argument juridique, le dialogue de Coligny et de Charlotte de Laval ajoute la justification religieuse, puisque c’est au moment où la prudence de l’Amiral, dictée par des considérations stratégiques, semble l’emporter, que la notion de corps mystique -de la solidarité en Christ de tous les membres de l’Eglise - avancée par son épouse balaie toute hésitation et décide de la guerre.

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