Les éclats du rire. Le Régiment de la calotte, ou les stratégies aristocratiques de la gaieté française (1702-1752)
Antoine de Baecque
Antoine de Baecque, "Les éclats du rire. Le Régiment de la calotte, ou les stratégies aristocratiques de la gaieté française (1702-1752)", dans Annales, année 1997, volume 52, numéro 3, p. 477 - 511.
Extrait de l’article
"Vers la fin du règne de Louis XIV, en 1702, un jour que Torsac, des gardes du corps, Aimon, portemanteau du roi, Saint-Martin, des mousquetaires, et plusieurs autres officiers se trouvaient réunis, ces messieurs firent mille plaisanteries sur une migraine dont l’un d’eux souffrait, et proposèrent d’apposer une calotte de plomb sur la tête du malade. La conversation s’échauffa. L’idée en naquit de corriger les mœurs, de combattre par l’arme du ridicule les styles alors à la mode et d’ériger un tribunal opposé à celui de l’Académie. Pour mener à bien une pareille entreprise, il fallait des troupes éprouvées. Aussi ne jugea-t-on pas pouvoir mieux faire que de créer un régiment où l’on incorporerait les personnes qui se distingueraient par l’extravagance de leurs discours et de leurs actions. La conséquence de ce choix fut que le nom de la nouvelle milice était tout trouvé : on la baptisa Régiment de la calotte."
Voici l’unique récit de fondation du Régiment de la calotte, cette société de rieurs qui, un demi-siècle durant, allait se signaler par la verve de ses satires, exerçant la « police du ridicule » au sein de la cour et de la haute société parisienne. Ce texte est extrait de l’Oraison funèbre du général Aimon Ier, publié immédiatement après la mort du fondateur du Régiment, en 1731. Il établit « les rites et les lois respectables de notre Régiment »...