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Les « impiétés domestiques » de Mme de Murat

Alain Mothu

Alain Mothu, « Les « impiétés domestiques » de Mme de Murat », L’Atelier du Centre de recherches historiques, 04, 2009.

Extrait de l’article

La biographie d’Henriette-Julie de Castelnau (1670-1716) reste à ce jour fort incertaine. Issue d’une famille d’ancienne noblesse bretonne, petite-fille du maréchal de Castelnau (1620-1658), parente du maréchal Louis François de Boufflers (1644-1711), dont il sera question plus bas, elle était une personne « de qualité ». Nous savons aussi qu’elle était en 1689 « toute jolie, toute charmante » (Mme de Sévigné, lettre à Mme de Grignan du 10 janvier). Elle est surtout connue, aujourd’hui, pour avoir écrit un assez grand nombre de contes et romans. Le thème du mariage forcé y est souvent évoqué ; dans ses Mémoires de Mme la comtesse de M***, ou la défense des Dames (Paris, Barbin, 1697), elle soutient aussi qu’il y a « beaucoup plus de malheur que de dérèglement dans la conduite des femmes » (I, p. 8). Pour cause, expliquent certains critiques, Henriette-Julie avait dû quitter sa Bretagne natale à seize ans pour épouser à Paris le comte Nicolas de Murat, colonel d’un régiment d’infanterie. En réalité, ce mariage semble n’avoir eu lieu qu’en 1691 (le 25 novembre 1686, en effet, Nicolas avait épousé en premières noces Marie de La Tour, et non notre Henriette Julie). On peut donc lui supposer plusieurs années de brillant dévergondage parisien, à la cour comme à la ville, avant son probable « mariage forcé ». Elle aura un fils de ce mariage, né en 1693. Son mari, Nicolas, qui n’était probablement pas de la première jeunesse, apprendra à subir les « désordres » de sa jeune épouse, « pour ne pas s’exposer aux fureurs d’une femme qui l’a pensé tuer deux ou trois fois » (voir infra). Sans doute avait-elle essayé l’un de ces moyens « simple(s) dont les femmes impatientes de leur liberté sont quelquefois tentées de faire usage », dont parle le lieutenant de police d’Argenson, à propos d’une autre dame (cf.Rapports inédits, éd. Cottin, 1891, p. 118).

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