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Les secrets d’alcôve de la duchesse de Bourgogne ou le sexe par les larmes

Marie-Paule de Weerdt-Pilorge

Weerdt-Pilorge, Marie-Paule de, Les secrets d’alcôve de la duchesse de Bourgogne ou le sexe par les larmes, Cahiers Saint-Simon, n° 42, 2014. Eros chez Saint-Simon. Journée d’études du samedi 8 mars 2014, p. 25-34.

Extrait de l’article

« Que Saint-Simon ne puisse — au sens le plus radical du terme — se résoudre à admettre certaines choses ou veuille se taire sur quelques autres, n’empêchera pourtant pas, si ces choses tiennent au plus profond, que son discours, au-delà de ce qui est immédiatement dit, trahira, malgré qu’il en ait et sans qu’il ne le sache, ou davantage qu’il ne le veut, plus que des bribes de leur vérité. » Ce propos que j’emprunte à Alphonse de Waelhens pourrait sans doute être exemplaire de ce qu’est Eros chez Saint-Simon. Rien de manifeste ou d’outrageusement exhibé, mais des propos que l’on rencontre aux détours d’un récit ou dans les replis d’une chronique biographique. Et c’est bien dans les interstices de la narration et dans les figures hautement référentielles pour Saint-Simon que sont son propre père et toutes les figures paternelles de substitution tels Louis XIII, Rancé, les ducs de Beauvillier et de Chevreuse, le chancelier Pontchartrain, le cardinal de Noailles mais aussi dans les figures maternelles et conjugales, que l’interprétation psychanalytique aux fondements freudiens met en exergue une « perversion affective », proche de la paranoïa. C’est encore dans le regard que se décèle le fantasme de la maîtrise absolue et du témoin irréductible chez Saint-Simon. Alphonse de Waelhens nous invite donc à porter justement un autre regard sur le mémorialiste, à lire entre les lignes, à déceler l’implicite sous la rage tonitruante. Ce n’est pas un des moindres paradoxes qu’un homme aux passions si vives s’emportant souvent contre les débauches de ses contemporains (on pense à Vendôme réduit à ses instincts les plus bas et les plus vils) et qui se montre peu disert sur les «roueries » du Régent qu’il condamne pourtant moralement. A bien des égards, Saint-Simon se livre à une « désérotisation » de la vie de cour là où d’autres, par le truchement d’une vision rétrospective très encline à se porter sur les frasques sexuelles de Louis XV, transforment le château et les jardins de Versailles en un vaste lupanar.

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