Nature normative et sentiment de la nature dans les Salons
Pierre Hartmann
Hartmann, Pierre, « Nature normative et sentiment de la nature dans les Salons », Dix-huitième siècle, vol. 45, no. 1, 2013, p. 379-396.
Extrait de l’article
Chez Diderot comme chez Rousseau coexistent deux types de discours sur la nature : l’un, essentiellement théorique, entend faire de son objet une instance normative et régulatrice ; l’autre, plutôt littéraire, cherche à rendre compte d’une expérience subjective dans laquelle la doxa historiciste qui prévaut actuellement tend à identifier l’émergence d’un sentiment neuf, largement ignoré des époques précédentes, tout particulièrement de la période dite classique, adonnée à l’esprit de géométrie et se complaisant aux perspectives rectilignes de cette incarnation hyperbolique de l’anti-nature qu’est le jardin à la française. Sans entrer dans le débat concernant la naturalité ou l’historicité du sentiment de la nature, je commencerai par évoquer la doctrine normative du philosophe, pour tâcher de montrer plus avant que le site sur lequel s’enracine chez lui un tel sentiment n’est pas la nature in quanto sè mais l’œuvre d’art, singulièrement la peinture dont il se fait le scrutateur passionné dans ses fameux Salons.