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Une analyse de la maladie sociale du paraître : Les Avantures du Baron de Faeneste

Arlette Jouanna

Arlette Jouanna, "Une analyse de la maladie sociale du paraître : Les Avantures du Baron de Faeneste", dans Bulletin de l’Association d’études sur l’humanisme, la réforme et la renaissance, année 1979, volume 10, numéro 10, p. 34-39.

Extrait de l’article

On a coutume de voir dans les Avantures du Baron de Faeneste une bouffonnerie, consacrée à la satire d’un type comique, le Gascon hâbleur et ridicule. Faenestte, c’est l’homme des apparences trompeuses, l’homme sans consistance, tandis qu’Enay, le porte- parole de d’Aubigné, incarne l’Etre solide et véritable. Leur confrontation aboutit immanquablement à la piteuse déconfiture du premier. Envisagée de ce point de vue, l’oeuvre s’inscrit dans une longue lignée, de Plaute à Corneille et Molière.

Une autre approche est possible, plus soucieuse de saisir le regard que d’Aubigné portait sur la société de son temps. Sous le voile de la farce se déchiffre assez aisément une analyse âpre et pessimiste d’une maladie de civilisation, la maladie du paraître, révélant une crise des valeurs sociales. «Mais où est la noblesse ?». . . «Où est l’honneur ?». . . Ces deux questions posées par les héros du livre, si elles sont utilisées comme des ressorts comiques, trahissent aussi une inquiétude, un désarroi, face à l’évolution d’un mal qui atteint la société tout entière, et dont Faeneste est une victime tout autant qu’Enay, quoique de manière différente.

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