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Une masculinité en crise à la fin du XVIIe siècle ? La critique de l’efféminé chez La Bruyère

Cédric Corgnet

Cédric Corgnet, Une masculinité en crise à la fin du XVIIe siècle ? La critique de l’efféminé chez La Bruyère, dans Genre & Histoire, n° 2, printemps 2008.

Extrait de l’article

Deux perceptions fortement ambivalentes de la masculinité coexistent au XVIIe siècle : d’un côte le rustre mal dégrossi, hyposocialisé, proche de la nature (de la rusticité d’un Monsieur de Pourceaugnac moliéresque à l’animalité paysanne chez La Bruyère), de l’autre, le courtisan, construction sociale artificielle hypersocialisée. Cette dichotomie relève de la triade classique nature-artifice-naturel : la masculinité urbaine se construit par l’écart volontaire d’avec les normes de la Nature, jugée trop éloignée d’un idéal moral urbain par les théoriciens des théories de la politesse mondaine, pour construire, par polissement des mœurs brutales, un ethos fondamentalement artificiel, composé, mais qui doit, pour ne pas être reconnu tel, passer pour une nature naturelle, visiblement non travaillée. Ces théories de la politesse urbaine de la masculinité et de la féminité, cette construction sociale artificielle, sont l’aboutissement séculaire d’une notion essentielle et archétypale, celle de sprezzatura de Castiglione, cette négligence « qui cache l’art et qui montre que ce que l’on a fait et dit est venu sans peine et presque sans y penser ».

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