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L’Institution d’un Prince de Duguet, un traité d’éducation à la charnière des XVIIe et XVIIIe siècles 

Caroline Chopelin-Blanc

Caroline Chopelin-Blanc, « L’Institution d’un Prince de Duguet, un traité d’éducation à la charnière des XVIIe et XVIIIe siècles », Chrétiens et sociétés, 18, 2012, 19-38.

Extrait de l’article

Par sa forte tonalité politique et son appartenance au genre des traités d’éducation, l’Institution d’un Prince se détache de la production de Jacques-Joseph Duguet, composée pour l’essentiel d’études exégétiques, de traités de controverses et d’écrits spirituels. Ce théologien fait partie des principaux représentants de la génération qui suit Port-Royal à l’instar de Pasquier Quesnel, l’auteur du Nouveau Testament en français accompagné de Réflexions morales, dont cent une propositions furent condamnées par la bulle Unigenitus de 1713. Né en 1649 à Montbrison dans une famille de la haute noblesse parlementaire, Duguet entra au noviciat de l’Oratoire de Paris en 1667, où il se lia avec Arnauld et Nicole, puis enseigna au séminaire de Saint-Magloire à Paris pendant quelques années. Il rompit avec la congrégation en 1685, car il refusa de signer un formulaire condamnant conjointement le jansénisme et le cartésianisme. Après un bref exil à Bruxelles et quelques années dans la clandestinité, il bénéficia à partir de 1690 de la protection du marquis de Ménars, président du parlement et intendant de Paris, frère de Mme Colbert et du sous-gouverneur du duc de Bourgogne. Il participa alors activement aux controverses religieuses, multiplia les conversations ainsi que les controverses sur la Bible et soutint fermement à partir de 1713 les Appelants qui réclamaient la réunion d’un concile général contre l’avis du pape. Louis XIV durcissant sa répression, il préféra quitter le royaume et se retira notamment à l’abbaye de Tamié en Savoie d’avril à octobre 1715. Jusqu’à sa mort en 1733, il resta fidèle à la cause de l’Appel et dut s’exiler dans les années 1720. Toutefois, son jansénisme modéré le dissuada de soutenir le mouvement convulsionnaire qu’il condamna en février 1732.

L’Institution d’un Prince fut commandée à Duguet par l’abbé de Tamié, Arsène de Jougla, qui avait promis un traité d’éducation au duc de Savoie, Victor-Amédée II, lequel séjournait régulièrement dans l’abbaye trappiste. Cette demande fut formulée avant même le séjour de Duguet à Tamié puisque ce dernier rédigea l’essentiel du texte à Paris en 1712. Toutefois, il n’envoya son manuscrit qu’en 1715, après la signature du traité d’Utrecht.

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