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Instruments et pratique scientifique : l’évolution des choix et des pratiques dans le Cabinet de physique des enfants de France à Versailles d’après les inventaires des Menus-Plaisirs (1758-1765)

Pascale Mormiche

Mormiche, Pascale, « Instruments et pratique scientifique : l’évolution des choix et des pratiques dans le Cabinet de physique des enfants de France à Versailles d’après les inventaires des Menus-Plaisirs (1758-1765) », dans Bulletin du Centre de recherche du château de Versailles, 2011

Résumé

Cette communication concerne l’enseignement scientifique des princes et la composition de cabinet d’instruments scientifiques. Le premier cabinet constitué à Versailles est celui des enfants de France établi sous le contrôle des Menus-Plaisirs. À partir de 1758, il se compose d’instruments choisis parmi les 345 décrits dans le catalogue de l’abbé Nollet en 1738 dans son « Programme ou Idée générale d’un cours de physique expérimentale… ». En 1762 sont déjà achetés plus de 180 objets scientifiques, instruments, matériaux et meubles qu’enrichissent les achats successifs qui se poursuivront en 1765, date à laquelle existe un autre inventaire. Aussi étonnant que cela paraisse, ces deux inventaires n’ont jamais été comparés, ni mis en perspective avec la liste faite lors des séquestres révolutionnaires.
Ainsi ces deux inventaires successifs pour ce rare cabinet princier permettent de préciser la culture scientifique des princes grâce au choix minutieux d’objets commandés à l’abbé Nollet par l’équipe préceptorale qui enseigne aux princes. La politique d’acquisition de ces instruments donne des indications sur les pratiques scientifiques des princes. L’électricité fut-elle plus favorisée que la mécanique ou les fluides ? Quelle fut la place de l’observation de l’infiniment grand, de l’infiniment petit ? S’est-on procuré des instruments auprès d’autres constructeurs ? On peut comparer utilement avec un cabinet dont on connaît le rare inventaire d’achat, celui de Mme du Châtelet et Voltaire possédant également des instruments Nollet. L’analyse de ces inventaires va bien au-delà du simple choix d’instruments pour constituer le cabinet de physique des Enfants de France. Il s’agit de relier les instruments avec la pratique pédagogique des princes en montrant la création d’une « discipline scolaire » enseignée aux princes, alors que se déroulent des démonstrations publiques à la cour. Peut-on distinguer ainsi un cabinet d’éducation, un cabinet d’expérimentation, une collection d’instruments ?
Cette communication part de sources historiques précises afin d’approfondir la connaissance de l’éducation scientifique du duc de Berry (futur Louis XVI) et de ses frères, restée souvent générale. Elle s’inscrit dans le cadre de l’épistémologie des sciences et des recherches pédagogiques sur la naissance de la culture scientifique qui eut lieu à Versailles. Elle prolonge les travaux de recherche actuels sur les cabinets de curiosité qui s’interrogent sur la pratique scientifique du xviiie siècle.

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