Médailles et jetons commémorant la Saint-Barhélemy
Josèphe Jacquiot
Josèphe Jacquiot, Médailles et jetons commémorant la Saint-Barhélemy, dans Revue d’histoire littéraire de la France, année 73 (1973), n. 5, p. 784-793.
Extrait de l’article
Alors que les causes de la Saint-Barthélémy ont été discutées à l’appui de textes dont les interprétations ont suscité des avis diamétralement opposés, qui ont laissé le doute, notamment sur la si importante question de savoir s’il y avait eu de la part de Charles IX préméditation ou non au massacre de la Saint-Barthélémy ; on s’étonne que des documents tels que les médailles et les jetons aient été ignorés des historiens qui n’ont pas cru devoir s’intéresser à ces monuments, qui, pourtant, fournissent un instrument puissant d’analyse, pour retracer l’histoire des comportements successifs de la politique de Charles IX, avant et après la Saint-Barthélémy. Quand, en 1572, Charles IX ordonna à Aubin Olivier, conducteur de la Monnaie, de frapper « pour faire largesse, à l’occasion du mariage de Henri de Navarre, le futur Henri IV, avec Marguerite de France, sa soeur, cent vingt pièces d’or, dont quinze cents ornées d’une bordure d’argent, et cent soixante-treize pièces d’argent » ; il diffusait au moyen de ces pièces un avertissement aussi explicite que l’aurait été un document écrit. En effet les deux médailles, de module différent, confirment l’une et l’autre, par leurs légendes et par les types de leurs devises, que le mariage que Catherine de Médicis, Charles IX, et le duc d’Anjou, étaient si impatients de voir célébrer, malgré le refus du pape d’accorder une dispense pour cette union, n’était qu’un guet-apens mûrement préparé pour attirer de toute la France les gentilshommes protestants qui viendraient rejoindre à Paris l’aristocratie du parti, pour assister à cette cérémonie princière.