Jacques-François Blondel à son apogée (1749-1756)
Edoardo Piccoli
Piccoli, Edoardo, "Jacques-François Blondel à son apogée (1749-1756)", dans Repenser les limites : l’architecture à travers l’espace, le temps et les disciplines. Actes de colloque, Paris, INHA, 2005.
Extrait de l’article
Déjà, Emil Kaufmann reconnaissait dans la pensée de Blondel une évolution : sur ce point il avait raison, et l’idée d’un Blondel « monolithique » et figé pendant trente-cinq ans sur les mêmes positions est à refuser. Il s’agit ici de fonder une analyse des positions théoriques de Blondel dans les décennies 1750-1770 sur des bases chronologiques solides, en refusant l’analyse a posteriori de sa carrière, qui a son origine dans les jugements sévères de la génération des Piranésiens, dans les années 1760 et au-delà. On recherchera ici les « limites » de l’architecture et de ses savoirs en esquissant une périodisation générale de l’activité professionnelle de Blondel et en se concentrant sur le début des années 1750 (1749-1755), quand Blondel est à l’apogée de sa fortune et de sa renommée à Paris. Dans ses articles publiés dans les périodiques, dans les volumes de l’Architecture Française, et surtout dans le traité d’architecture du premier volume de l’ouvrage, qui doit être lu en parallèle avec le texte et planches de l’Encyclopédie, l’architecte déclare ses positions face au public : l’architecture est une discipline autonome et l’architecture française du Grand Siècle demeure l’architecture moderne par excellence. C’est cette architecture (analysée et presque disséquée dans les descriptions de l’Architecture Française) qu’il faut regarder tout en dessinant les nouveaux bâtiments publics du siècle de Louis XV. La notion d’héritage du grand goût du XVIIIe siècle, fondée sur une vision idiomatique de l’antique qui vit la France se détacher des modèles italiens, relance la problématique identitaire du constat stylistique et introduit une dialectique stimulante entre l’analyse formelle, les classements typologiques et l’approche des symboles.
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