Les deux cultures d’Honoré d’Urfé dans L’Astrée : entre idéologie nobiliaire et paideia humaniste
Emmanuel Bury
Bury, Emmanuel, « Les deux cultures d’Honoré d’Urfé dans L’Astrée : entre idéologie nobiliaire et paideia humaniste », Dix-septième siècle 2/ 2007 (n° 235), p. 315-323.
Extrait de l’article
Éditer L’Astrée aujourd’hui, c’est avant tout se trouver confronté à une œuvre singulière à bien des égards. En effet, si l’histoire de la littérature reconnaît traditionnellement une place centrale à cette somme romanesque, c’est souvent pour en proclamer le caractère inaugural et fondateur, comme si son seul mérite était, somme toute, de tracer le « programme » de l’écriture du roman et de son devenir pour le siècle qui s’ouvrait alors. « Roman d’une société qui s’organise », selon les termes employés par Magendie en 1927, L’Astrée « a contribué à rendre possibles des chefs-d’œuvre ». M. Lever ne dira guère autre chose en 1981, dans son étude panoramique sur le roman français au XVIIe siècle, en insistant sur la portée que l’œuvre a eu « sur les mœurs et les mentalités » du temps, et sur la première place que les critiques contemporains lui accordèrent d’emblée dans l’histoire du roman, non sans insister sur l’impact qu’elle eut aussi sur les autres genres littéraires, notamment au théâtre.