Littérature et architecture au XVIIe siècle
Richard Sayce
Richard Sayce, "Littérature et architecture au XVIIe siècle", dans Cahiers de l’AIEF, 1972, n° 1, p. 233-250.
Extrait de l’article
Dans l’avant-propos de son Architecture pratique, Pierre Bullet exprime son mépris pour ceux qui se mêlent de choses qu’ils ne comprennent pas :
Mais c’est la maniere de plusieurs Personnes de Lettres, lesquelles ayant étudié quelque tems l’Architecture, s’imaginent en entendre mieux les principes que ceux qui en font profession.
Le reproche est justifié, et c’est avec le sentiment d’une immense témérité que j’aborde devant vous un sujet qui demanderait un livre entier plutôt qu’une demi-heure de causerie. D’ailleurs, ce livre vient d’être annoncé. C’est le Poeta faber de M. Gerhard Goebel, que nous attendrons avec impatience. Évidemment je ne pourrai qu’indiquer quelques lignes de recherche possibles, la plupart d’une façon très sommaire. Ainsi, on pourrait s’occuper des domaines où les deux arts se rapprochent le plus étroitement, en premier lieu dans l’architecture théâtrale, dans l’œuvre de Mahelot et l’influence de Serlio, mais c’est un peu spécialisé.
En allant à l’autre extrême, il est très légitime de parler de l’architecture d’un sermon de Bossuet, d’une pièce de Racine, d’une ode ou même d’un vers de Malherbe : « un vers de Malherbe, symétrique et carré de mélodie », c’est bien dans l’esprit de Maisons ou de Blois. Cependant, cette façon de traiter la question équivaudrait à entreprendre une esquisse de toute la littérature du XVIIe siècle, ce qui est loin de mes intentions. Enfin, on pourrait chercher un principe d’unité à travers les manifestations du classicisme, du baroque et même du maniérisme, comme l’а fait par exemple M. Hatzfeld avec un rare bonheur dans son Literature through art.