Un manuscrit de Charles V au Vatican. Notice suivie d’une étude sur les traductions françaises de Bernard Gui
Antoine Thomas
Antoine Thomas, "Un manuscrit de Charles V au Vatican. Notice suivie d’une étude sur les traductions françaises de Bernard Gui", dans Mélanges d’archéologie et d’histoire, École française de Rome, 1881, n° 1, p. 259-283.
Extrait de l’article
On sait quel était l’amour de Charles V pour les livres, que de soin et de zèle il déploya pour se former une bibliothèque digne d’un roi de France lettré. Les écrivains contemporains, Christine de Pisan et Raoul de Presles, parlent de la librairie du Louvre avec une admiration enthousiaste, et aujourd’hui, grâce aux catalogues qui nous sont parvenus, nous pouvons affirmer sans crainte que ce prince avait réussi à rassembler la plus nombreuse et la plus belle collection de manuscrits qui existât alors en Europe. Vers la fin de son règne, il ne possédait pas moins de douze cents volumes, dont beaucoup, abstraction faite des ouvrages qu’ils renfermaient, pouvaient passer pour les chefs-d’œuvre de la calligraphie et de l’enluminure de cette époque.
Mais Charles V n’était pas seulement un collectionneur ; il ne se borna pas à faire recopier somptueusement et orner de magnifiques miniatures les ouvrages antérieurs. Il prit lui-même une initiative très-remarquable pour le temps, en faisant traduire en français un grand nombre d’auteurs latins, aussi bien de l’époque classique que du moyen-âge.