Sculpture et orfèvrerie à Paris au XVIII siècle : Jacques et Jacques-Nicolas Roëttiers
Yves Carlier
Yves Carlier, "Sculpture et orfèvrerie à Paris au XVIII siècle : Jacques et Jacques-Nicolas Roëttiers", dans Revue de l’Art, année 1994, volume 105, numéro 105, p. 61-69.
Extrait de l’article
La sculpture et l’orfèvrerie ont depuis toujours entretenu d’étroites relations. Le sculpteur intervenait si l’orfèvre avait besoin de modèles en ronde bosse ou pour traduire ses idées en trois dimensions. D’un autre côté, l’orfèvre exécutait en métal (précieux) le projet d’un sculpteur. Il n’est donc pas étonnant de rencontrer des artistes maîtrisant aussi bien l’un et l’autre métier ; la célébrité de Benvenuto Cellini tient autant à sa carrière de sculpteur qu’à celle d’orfèvre.
Dans le monde des corporations parisiennes des XVIIe et XVIIIe siècles, d’innombrables rapports, tant professionnels que personnels, peuvent être relevés : Jacques Sarrazin et Claude Ballin, Corneille Van Cleve et Nicolas Delaunay, Etienne-Maurice Falconnet et François-Thomas Germain (lui même élève de Jean-Baptiste II Lemoyne) etc... Si, pour cette période, il semble exceptionnel qu’un sculpteur s’intéresse au métier d’orfèvre, le cas contraire est plus courant, peut-être parce que l’orfèvre désirait exécuter lui-même ses modèles. A notre sens, la signature ostensiblement apposée : « Fait par François Thomas Germain Sculp. Orf. du Roy [...] » signifie que Germain se considérait comme le détenteur du modèle.
Les exemples qui vont suivre concernent deux orfèvres célèbres : Jacques Roëttiers et, plus encore, son fils Jacques-Nicolas. S’ils firent appel à des sculpteurs pour modeler une partie de l’ostensoir de la chapelle du château de Versailles, le fils se lança dans la réalisation d’oeuvres relevant du métier de sculpteur : médaillons, bustes et même un tombeau.