La politique fiscale de Louis XI (1461-1483)
Jean-François Lassalmonie
Lassalmonie, Jean-François, "La politique fiscale de Louis XI (1461-1483)", dans Actes des congrès de la Société des historiens médiévistes de l’enseignement supérieur public, 28e congrès, Clermont-Ferrand, 1997, L’argent au Moyen Âge, p. 255-265.
Extrait de l’article
L’une des caractéristiques de l’État moderne réside dans la place cruciale qu’y tient l’argent : dès la fin du Moyen Âge, gouverner, c’est dépenser, et pour ce faire trouver d’abord des fonds. Dans la France de la seconde moitié du XVe siècle le roi Louis XI se montra pleinement conscient que les finances royales étaient devenues l’un des principaux leviers du pouvoir : à son avènement dans l’été de 1461 l’un de ses premiers soins fut d’en prendre le contrôle en y plaçant ses hommes. Même dans le domaine technique de la politique fiscale il entendait rester seul maître, et se réserva d’en fixer lui-même les orientations. Sous son règne les rôles furent donc clairement définis. Le Conseil du roi discutait des questions de finances comme des autres affaires publiques, d’autant que les gens des finances, tous conseillers du roi, y avaient accès. Au contraire de cet organe de gouvernement, ce que les historiens appellent par commodité mais de manière trompeuse le « Conseil des finances » - nom qui n’apparaît jamais dans les documents du temps - n’avait pas d’existence officielle. Constitué par la réunion informelle des gens des finances présents auprès du souverain, c’était un comité technique chargé de vaquer aux affaires courantes, comme la préparation du budget, et de fournir au roi les informations nécessaires, assorties d’un avis qualifié, pour qu’il pût se prononcer en pleine connaissance de cause. Mais le dernier mot revenait bien à Louis XI qui, jaloux de ses prérogatives, décidait souverainement où et comment prélever l’argent, et qui n’hésitait pas à suivre son idée contre l’opinion des spécialistes.
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