Le cardinal Dubois et la fonction de Principal ministre. Recherches et réflexions sur le ministériat au début du XVIIIe siècle
Alexandre Dupilet
Dupilet, Alexandre, « Le cardinal Dubois et la fonction de Principal ministre. Recherches et réflexions sur le ministériat au début du XVIIIe siècle », Revue du Nord, vol. 412, no. 4, 2015, p. 729-745.
Extrait de l’article
Le ministériat est une forme de gouvernement monarchique qui demeure étroitement associée au premier XVIIe siècle. Homme de confiance du souverain, le Premier ou Principal ministre. est le relais de son autorité auprès des ministres et secrétaires d’État, organise et surveille leurs travaux, met en œuvre les projets royaux tout en rendant des arbitrages sur certains dossiers sans avoir nécessairement à consulter le monarque. Cette pratique permet au roi de se délester des affaires courantes et de se concentrer sur la grande politique tandis que revient au Premier ministre la lourde charge d’exercer le pouvoir au quotidien, tout en conseillant le souverain, avec lequel il s’entretient régulièrement. Dès 1605, Henri IV fit de Sully, son surintendant des finances, le premier personnage de son gouvernement. Mais le ministériat au XVIIe siècle évoque avant tout les figures de Richelieu et de Mazarin. Leur légende écrasante, magnifiée par Alexandre Dumas dans Les trois mousquetaires pour Richelieu et Vingt ans après pour Mazarin, reste si prégnante dans la mémoire collective, qu’elle effacerait presque leurs successeurs des annales de l’Histoire.
En rompant avec cette organisation dyarchique, Louis XIV a lui aussi contribué à mettre en lumière le gouvernement des deux prélats d’État. Inauguré avec fracas par la fin du ministériat, le règne personnel du Grand Roi a fait du Principal ministre une incongruité institutionnelle, une parenthèse, et ce d’autant plus que le gouvernement de Louis XIV est souvent considéré comme l’expression achevée de la monarchie absolue.