L’idée de la décadence à la fin de l’Ancien Régime : enjeu d’une polémique ou inquiétude passagère ?
Didier Masseau
Masseau, Didier, "L’idée de la décadence à la fin de l’Ancien Régime : enjeu d’une polémique ou inquiétude passagère ?", dans André Valérie, Bernard Bruno (dir.), « Le XVIIIe, un siècle de décadence ? », Etudes sur le XVIIIe siècle, Volume XXXIV, Editions de l’Université de Bruxelles, 2006, p. 81-96.
Extrait de l’article
Depuis la querelle des Anciens et des Modernes, en passant par le célèbre ouvrage de Montesquieu sur les Causes de la grandeur et de la décadence des Romains, le XVIIIe siècle français est littéralement hanté par l’idée de décadence. Au centre du débat sur l’histoire, de la réflexion politique sur la permanence et la durée des États, sur les mœurs contemporaines, elle fait l’objet de discours multiples qui nous obligent à réviser l’image trop souvent répandue d’un âge des Lumières, exclusivement marqué par la croyance au progrès et à celle d’une histoire en marche qui, en dépit de périodes régressives ou de stagnation provisoire, mènerait globalement les hommes vers des lendemains meilleurs. Il serait présomptueux dans le cadre de cet article de vouloir embrasser l’ensemble d’une question complexe, aux multiples ramifications. Nous nous limiterons aux vingt dernières années de l’Ancien Régime. Durant cette période, le thème de la décadence prend une ampleur qu’on n’a pas suffisamment mesurée. Les théories de Montesquieu ont fait leur chemin et marqué les esprits.