Louis XIV sur le champ de bataille. L’invention d’un héroïsme royal entre textes et images
Jérôme Delaplanche
Delaplanche, Jérôme. Louis XIV sur le champ de bataille. L’invention d’un héroïsme royal entre textes et images, Versalia. Revue de la Société des Amis de Versailles, n° 16, 2013, p. 71-90.
Extrait de l’article
La guerre est la grande affaire des princes et des rois au XVIIe siècle. Cependant, à partir de la seconde moitié de ce siècle, le monarque n’est plus celui qui mène ses troupes au combat. Une nation ne peut prendre le risque de perdre son souverain en raison des aléas d’une bataille et de l’incertitude des combats. Les Français gardent à l’esprit la mésaventure de François Ier à Pavie.
Quelle image alors pour le roi de guerre ? Comment concilier le principe d’une gloire acquise par les armes avec la réalité d’un monarque qui ne se bat plus ? Depuis la Renaissance, le langage classique de la mythistoire est régulièrement sollicité pour figurer la puissance guerrière des princes belliqueux. Il procède principalement selon deux modes : soit par la comparaison, la représentation des batailles d’Alexandre par exemple est lue comme une transcription poétique des victoires militaires du monarque dont on souhaite dresser les louanges ; soit en mêlant l’image de ce dernier aux dieux de l’Olympe, signifiant par là que la gloire du souverain l’apparente aux immortels. Cependant, au cours du règne de Louis XIV, les partisans de ce discours traditionnel s’appuyant sur le monde antique comme moyen discursif sont critiqués et attaqués par ceux qui considèrent, tel Charles Perrault dans son poème "La Peinture" publié en 1668, que la part de fiction de ce mode de narration peut conduire à penser que le fait narré est lui-même plus ou moins fictif. Ces derniers estiment ainsi nécessaire de célébrer l’histoire du roi par une simple description factuelle sans passer par l’ornement du mythe...