Accueil / Histoire et fonction / Politique, guerre et justice / Etudes modernes > Histoire, érudition, écriture militante : dans (…)

Histoire, érudition, écriture militante : dans les Mémoires de l’Estat de France sous Charles IX de Simon Goulart

Cécile Huchard

Cécile Huchard, "Histoire, érudition, écriture militante : dans les Mémoires de l’Estat de France sous Charles IX de Simon Goulart", dans Bulletin de l’Association d’études sur l’humanisme, la réforme et la renaissance, année 2004, volume 59, numéro 59, p. 73-78.

Extrait de l’article

On sait, notamment depuis les travaux de C.-G. Dubois, combien le XVIe siècle a été un moment de renouvellement majeur de la pensée et de la production historiques européennes. L’histoire, comme les autres domaines du savoir, est d’abord, sur le plan théorique, largement touchée par les réflexions et les méthodes inspirées de l’humanisme, qui vont dans le sens, passé le moment du modèle italien littéraire, d’une recherche de scientificité croissante dans le traitement des documents ou des archives, recherche inspirée par les pratiques en cours dans le domaine juridique. Mais très vite, les divisions religieuses, les controverses intellectuelles puis les combats qui en découlent, confèrent une urgence et une dimension nouvelles à la question de l’écriture de l’histoire. En Allemagne d’abord, puis en France, le genre de l’histoire universelle est remis à l’ordre du jour, et l’histoire ecclésiastique, avec ses méthodes et ses thèmes propres, devient un lieu majeur de l’affrontement théologique. De manière plus pragmatique, le déclenchement des guerres civiles françaises va donner lieu à une abondante production, surtout du côté protestant, à dimension largement apologétique, mais qui revendique d’abord la précision des faits et la dimension de témoignage.

C’est dans ce contexte, et plus précisément encore dans celui des réactions suscitées par le massacre de la Saint-Barthélémy, que prennent place les volumes sur lesquels s’est concentré notre travail de recherche, dont le point de départ était précisément d’analyser les interactions entre, d’un côté, la recherche érudite qui caractérise l’humanisme de la seconde moitié du XVIe siècle, et de l’autre l’utilisation et la vulgarisation de ses résultats dans la foisonnante littérature polémique suscitée par les troubles religieux.

Lire la suite (Persée)