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Le roi chevalier en France au XVIe siècle. Construction et vocation du modèle 

Sylvène Edouard

Sylvène Edouard, « Le roi chevalier en France au XVIe siècle. Construction et vocation du modèle », Chrétiens et sociétés, Numéro spécial II, -1, 33-60.

Extrait de l’article

Héroïque et glorieux, le roi chevalier de la première modernité fait encore résonner un idéal chevaleresque partagé par ses pairs. De Charles VIII à Henri II, l’Italie du Nord fut la scène privilégiée de cette geste motivée à l’origine par une quête messianique, laquelle donna une valeur idéologique à une guerre sanguinaire qui ne finit par être plus qu’hégémonique entre la France et les Impériaux. L’ambition française fut alors l’occasion d’une action ; celle des rois chevaliers. Cette image chevaleresque de la royauté est un passage obligé du genre biographique ancien et présent consacré aux rois de France depuis Charles VIII à François Ier, négligeant à tort Henri II. Sous la plume de leurs biographes, ils deviennent des héros sur le champ de bataille, se mêlant à la soldatesque pour mieux la guider et la motiver. Le roi, premier d’entre ses pairs, recherche alors les coups et les donne lors de combats aussi bien réels que fictifs. L’action du combat confère au chevalier une surnature – celle du vir virtutis – en raison de la gloire acquise par ses actes de bravoure qui confinent au sacrifice de soi.

C’est dans cette perspective du don de la personne royale que seront mis en perspective trois articles : celui d’Ernst Kantorowicz, « Pro Patria Mori in Medieval Political Thought » (1951) et ceux de Denis Crouzet, « Désir de mort et puissance absolue de Charles VIII à Henri IV » (1991) et « Mourir en Milanais » (2003). La terminologie sans équivoque choisie par ces deux historiens des constructions imaginaires et autres fictions historiques, associe d’emblée la vocation guerrière du prince à la mort, c’est-à-dire à son possible sacrifice. Dans un premier temps, l’image du roi chevalier est intrinsèquement liée à celle du Roi-Christ, mais cette image ne relève pas pour autant que de ce seul fantasme théologique et politique. Elle ne saurait clore à elle seule la question. En effet, le roi chevalier renvoie aussi à une réalité bien tangible, celle d’un chef de troupe éduqué pour mener ses hommes au combat.

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